AHIMSA - la non-violence
La non-violence, c'est refuser de faire violence au réel en voulant le changer. C'est aimer ce qui est. Si, dans la pratique, ma hanche ne veut pas s'ouvrir, je ne la force pas, c'est ainsi. Ou, si je vis une relation compliquée, me crisper face à l'autre ne facilitera pas notre échange, je dois trouver une autre solution... L'objectif est de traverser les difficultés avec plus de lâcher-prise. Le yoga nous y aide via la respiration : le souffle permet de passer les postures sans forcer. Le défi reste de savoir si je me fais réellement violence dans cette posture ou si ce n'est qu'une peur. Dans la pratique du yoga, ce doute justifie la présence d'un guide, qui nous aide à trouver notre justesse.
SATYA - la vérité, l'authenticité
Il ne s'agit pas de trouver une vérité absolue, mais de cerner à chaque instant sa propre vérité, son authenticité. Le problème est que notre ego interfère avec celle-ci ; dans la représentation permanente, nous nous soucions de montrer nos talents, nos capacités, et de cacher nos fragilités. Comment parvenir à distinguer ce que l'on se raconte de ce qui est ? La réponse : en pratiquant le Yoga!
Où l'on verra que l'on ne peut pas se mentir longtemps dans la posture si l'on veut la faire correctement... Mais aussi, au quotidien, en étudiant ce qui se passe en nous lorsque nous parlons ou agissons: est-ce que cela nous nourrit ou n'est-ce que du faux, du vide, de la représentation ?
ASTEYA - ne pas voler
Cela ne s'applique pas qu'au vol de biens matériels ; c'est refuser de s'approprier ce que l'on ne peut pas posséder. Les idées d'autrui, mais aussi les idées générales : asteya invite à penser par soi-même, à faire confiance à ses propres idées, et à ce que l'on est et possède en soi. Dans la pratique, c'est ne pas vouloir passer une posture avant que la précédente ne soit tout à fait maîtrisée. C'est donc commencer par savourer la posture que l'on maîtrise... Autrement dit, c'est avoir la grâce de ne pas vouloir ce pour quoi nous ne sommes pas encore prêts.
BRAHMACHARYA - la modération
Ce yama a parfois été interprété comme un appel à l'abstinence sexuelle. En réalité, il n'est question de s'imposer ni la chasteté ni même aucune forme de frustration, mais de viser un certain contrôle de son attention et de son énergie. Si je me promène dans la rue, je ne regarde pas les vitrines en quêtes de ce que je n'ai pas et qui me manque : je me promène avec « ma propre plénitude ». Quand notre énergie aurait tendance à se dépenser inutilement en papillonnant, en voulant tout et trop, il s'agit de la canaliser en la ramenant sans cesse à soi, à ce que l'on est, à ce que l'on a. Dans la pratique, cette maîtrise passe par celle du regard (drishti), toujours très précisément orienté et immobile.
APARIGRAHA - le non-attachement
Ce yama invite à adopter une posture de détachement à l'égard de ses pensées, de ses émotions, des choses... C'est savoir les lâcher après les avoir acquises. Ce mouvement d'acquisition puis de perte est le mouvement même de la respiration : inspirer, c'est être prêt à tout prendre, à tout accepter, à se nourrir de tout ; expirer, c'est être prêt à tout rendre, à tout donner – jusqu'au dernier souffle.